Alors qu’il vient de boucler sa première saison à la tête de l’équipe première féminine, notre coach Youcef Chekkal nous a accordé un entretien. Dans cet échange, les mots sincères d’un entraîneur satisfait du travail réalisé par son staff et son équipe, mais aussi les coulisses d’une saison historique. À la rentrée, nos joueuses rallieront la D3 féminine, un championnat national créé à l’occasion de cet exercice 2023/2024. Youcef et son groupe retrouveront les terrains d’entraînement le 5 août. D’ici là, l’heure est aux confidences… 👇
“ Ça n’a jamais été qu’un onze, ou qu’un quatorze, elles ont toujours été vingt-deux joueuses unies. ”
Youcef, vous venez de remporter la finale de la Coupe de Normandie, juste après avoir obtenu votre ticket pour la D3 féminine, peux-tu nous raconter cette folle saison ?
Y.C. : Cette saison incroyable a démarré le 7 août 2023. Il fallait tout reconstruire. Pour les joueuses, c’était difficile aussi bien sur l’aspect émotionnel que psychologique, puisqu’elles sortaient de trois saisons sans montée. Pour créer de la cohésion, on a mis des principes de jeu en place et placé le collectif au centre de notre projet. La mayonnaise a commencé à prendre dès les matchs amicaux, et cela ne s’est jamais arrêté. Le bilan est fantastique ; vingt-et-un matchs, vingt-et-une victoires, tout cela couronné par le barrage contre le FC Lorient. Et puis, la cerise sur le gâteau, cette victoire (3-2) en finale de Coupe de Normandie contre le Stade Malherbe de Caen.
Tu l’as dit ; vous avez joué et remporté vingt-et-un matchs en championnat, comment expliquer une telle réussite ? Quelles ont été les clés de ces performances exceptionnelles ?
Y.C. : Tout d’abord, le fait d’avoir mis le projet collectif et non individuel au centre de notre démarche, c’est quelque chose auquel les joueuses ont adhéré directement. Le projet de jeu, aussi bien sur la possession du ballon que sur le pressing haut, leur a plu tout de suite. Elles ne se sont jamais contentées de ce qu’elles avaient, notre moyenne de six buts marqués par match en est le parfait exemple. Je suis un entraîneur qui aime attaquer, ça s’est retranscrit sur le terrain. Ce qu’elles ont réalisé est effectivement exceptionnel. On a mélangé les plus jeunes aux joueuses expérimentées, dont certaines qui ont connu la D2, elles ont formé un groupe soudé. Quand on a été un peu en difficulté, elles se sont toutes serré les coudes. Je pense notamment au barrage retour contre le FC Lorient, elles étaient dos au mur et ont parfaitement réagi. Elles ont toujours été de l’avant. Je suis très fier de la force collective dont elles ont fait preuve. Ça n’a jamais été qu’un onze, ou qu’un quatorze, elles ont toujours été vingt-deux joueuses unies. Même quand on est allé à Lorient, celles qui n’étaient pas convoquées voulaient venir pour soutenir les autres, ça montre l’état d’esprit qui a été le nôtre tout au long de la saison.
Crédit photo : Damien Deslandes – Foot Normand
“ Sur les principes de jeu, la cohésion d’équipe, sur la progression individuelle de chaque joueuse, le club m’a soutenu et permis d’en arriver là. ”
À titre personnel, c’était ta première saison à QRM. Avec le recul, quel regard portes-tu sur le club et comment s’est passée ton intégration ?
Y.C. : Mon aventure à QRM a commencé au mois de mai 2023, quand Alain Wathelet – Directeur Technique de l’Association QRM – m’a contacté pour prendre les rênes de l’équipe. Ça s’est fait tout naturellement, on a discuté des moyens humains et logistiques dont nous allions avoir besoin. Sur les principes de jeu, la cohésion d’équipe, sur la progression individuelle de chaque joueuse, le club m’a soutenu et permis d’en arriver là. Il m’a facilité les joueuses. Je le connaissais déjà puisque je suis de Rouen. En tant qu’ancien joueur de haut-niveau, eux aussi me connaissaient. L’intégration a été facile, réussir dès ma première saison, c’est magnifique !
J’ai également une grosse pensée pour les supporters, ils sont venus en nombre. Il n’y en avait jamais eu autant pour les féminines. Eux aussi ont beaucoup contribué à notre réussite et je les en remercie de tout cœur.
Toi qui était déjà entraîneur de la R1 féminine de Rouen Plateau Est la saison précédente, tu viens de terminer ta deuxième saison avec une équipe féminine. Quelles sont les principales différences avec le foot masculin selon toi ?
Y.C. : Je n’ai jamais cherché à opposer l’un et l’autre, ce sont deux disciplines différentes. Il faut simplement prendre du recul sur différents aspects, comme la dimension athlétique ou la technique. Le foot féminin va moins vite, ce qui n’enlève rien aux qualités de mes joueuses, bien au contraire. Je remarque également que les femmes assimilent bien plus vite les choses que les garçons. Chez eux, ça va prendre plus de temps car ils ont généralement beaucoup d’heures de foot dans les jambes. Leur apprendre de nouvelles choses peut être plus compliqué car tu leur demandes des choses différentes de tout ce qu’ils ont appris. Le football féminin devrait être plus mis en valeur. Aujourd’hui, j’ai à cœur de valoriser le travail que font mes joueuses.
À travers le documentaire « Irrésistibles » retraçant votre double-confrontation contre le FC Lorient, disponible sur la chaîne YouTube de QRM, on sent tout le professionnalisme dont vous faites preuve ton staff et toi. À quel point c’était important pour toi d’être aussi rigoureux et disciplinés dans vos méthodes de travail ?
Y.C. : J’ai souhaité retranscrire et transmettre à mon tour ce que j’ai appris quand j’étais joueur. On ne peut pas avoir des résultats si on néglige le cadre. Quand je suis arrivé, j’ai établi et réparti les différentes missions. En tant qu’entraîneur principal, il m’a fallu aussi parfois me mettre un peu en retrait, laisser de la place par exemple au préparateur athlétique – Anthony Lemonnier – en qui j’ai pleinement confiance. De la même manière que le préparateur mental – Michel Hamel – l’analyste vidéo – Arnaud Pilorge – ou encore la kiné – Éléonore Pesquet – ont eu beaucoup d’importance. Chacun était conscient de son rôle. Ce cadre a permis aux joueuses de prendre confiance et de se sentir valorisées. Le fait d’avoir professionnalisé tous les pôles, médical, sportif et athlétique, était aussi un moyen de faire sentir aux joueuses que cette année allait être différente. Nous étions les garants de ce dispositif. Ça a fonctionné, et ça continuera de fonctionner la saison prochaine, je ne me fais pas de soucis. Nous souhaitons également travailler avec une nutritionniste à la rentrée pour optimiser encore plus nos performances, et mettre toutes les chances de notre côté.
Un dernier mot sur la saison prochaine. Vous avez fait passer des détections pour préparer l’effectif de D3 féminine, quels profils recherchez-vous ? Quelles vont être les ambitions de votre saison ?
Y.C. : Les profils que nous recherchons ne seront que de la plus-value, je souhaite conserver une grosse ossature de mon effectif. D’une part car je ne veux pas repartir de zéro, et d’autre part c’est essentiel pour la cohésion d’équipe. Mes joueuses ont mérité d’accéder à la D3, et elles ont assimilé les principes de jeu que l’on a mis en place. On recherche entre quatre et cinq joueuses pour maximiser nos performances, ça va être plus difficile, il y aura plus d’adversité.
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